Ledger veut entrer en Bourse à New York : pour son PDG, « l’argent ne se trouve certainement pas en Europe »

Ledger n’est plus seulement “la startup française des hardware wallets”. Avec plus de 8 millions d’appareils vendus et près de 100 milliards de dollars de bitcoins sécurisés pour ses clients, la licorne joue désormais dans la cour des géants mondiaux.

Dernier mouvement en date : son PDG Pascal Gauthier assume viser Wall Street pour sa prochaine grande étape de financement, avec une possible levée de fonds ou introduction en Bourse à New York dès 2026. Au passage, il lâche une phrase qui claque : “l’argent est à New York aujourd’hui pour la crypto, certainement pas en Europe“. Le message dépasse largement le cas Ledger : il pose frontalement la question de la place de l’Europe dans la bataille du financement Web3 et de ce que cela implique pour les projets, les investisseurs et l’écosystème.

Ledger choisit New York : un vote très clair pour Wall Street

Ledger prépare une importante levée de fonds pour 2026, avec deux options sur la table : un tour privé classique ou une IPO à New York.

Pascal Gauthier ne tourne pas autour du pot : s’il passe de plus en plus de temps aux États-Unis, c’est parce que, selon lui, “l’argent de la crypto est à New York, nulle part ailleurs dans le monde, et certainement pas en Europe“. Ce choix n’est pas qu’une question de prestige : les marchés américains offrent des poches de capitaux plus profondes, une base d’investisseurs très exposés aux actifs numériques et un environnement boursier habitué aux valeurs tech en forte croissance.

Pour une boîte déjà valorisée à plus d’un milliard, qui gère des chiffres d’affaires à plusieurs centaines de millions, l’introduction sur un grand marché US, c’est à la fois plus de liquidité, plus de visibilité et un message politique adressé au vieux continent.

“L’argent ne se trouve pas en Europe” : ce que ça dit du financement Web3

La punchline du PDG de Ledger fait mal à lire côté européen, mais elle met le doigt là où ça pique : la difficulté chronique, pour les boîtes crypto, à se financer en restant 100 % arrimées à l’Europe. Dans son interview, Gauthier explique en substance que le cœur du “crypto business” se situe aujourd’hui à New York, pas à Paris, Berlin ou Bruxelles.

La réalité, c’est que les États-Unis concentrent toujours la majorité des capitaux dédiés à la tech et aux actifs numériques, malgré un cadre réglementaire parfois hostile. À l’inverse, l’Europe a misé sur les textes (MiCA, PSAN, etc.), mais peine encore à faire émerger de très gros fonds spécialisés capables d’accompagner des licornes Web3 jusqu’en Bourse. Résultat : les pépites nées en France ou ailleurs finissent par aller chercher l’argent là où il se trouve. Ledger n’est ni la première, ni la dernière à regarder de l’autre côté de l’Atlantique pour passer à l’échelle supérieure.

Une licorne déjà massive qui se muscle avant le grand saut

Si Ledger peut se permettre de viser New York, c’est que les chiffres suivent. L’entreprise sécurise environ 100 milliards de dollars en bitcoins pour ses clients et 2025 s’annonce comme sa meilleure année, portée par un boom des cyberattaques qui pousse particuliers et pros vers l’auto-garde.

Côté produits, la boîte ne se contente pas de défendre sa position : elle vient de lancer le Ledger Nano Gen5, rebaptisé “signer” pour insister sur son rôle de dispositif de signature sécurisée, et fait évoluer son app en “Ledger Wallet“, un véritable hub de gestion d’actifs numériques, cash-to-stablecoin et DeFi inclus.

Rappel important : la dernière levée remonte à 2023, avec plus de 100 millions d’euros injectés pour une valorisation à 1,3–1,5 milliard de dollars selon les sources. Autrement dit, Ledger arrive devant Wall Street avec un profil déjà très structuré : marque mondiale, revenus récurrents, produits en renouvellement et un positionnement central sur la sécurité des cryptos.

Maxi Doge ($MAXI) : le memecoin bodybuildé et ultra risqué

À l’opposé total de la licorne Ledger, Maxi Doge joue la carte du memecoin pur jus. Le pitch officiel : une nouvelle prévente memecoin inspirés de Dogecoin, relooké en trader “degen” sous levier x1000, avec un univers très axé salle de sport, trading extrême et humour internet. La crypto $MAXI est censée servir au staking et à l’accès à des compétitions communautaires, avec des rendements annoncés jusqu’à 80 % par an pendant la prévente et une collecte revendiquée de plusieurs millions de dollars.

Mais dès qu’on creuse, le ton change. Les analystes pointent un marketing agressif, des promesses de gains démesurés, une prévente qui s’étire sur des mois sans date claire de fin et, surtout, une opacité totale sur l’équipe et la gouvernance du projet. Toujours selon les enquêtes publiées sur le sujet, Maxi Doge s’inscrit dans un écosystème de presales très fortement marketées, souvent via les mêmes réseaux d’affiliation, avec des narratifs quasi copiés-collés (“prochain DOGE x100”, “meilleure presale de 2025”, etc.). Bientôt l’une des nouvelles cryptos sur Binance ? Le temps le dira.

Résultat : Maxi Doge reste un pur pari spéculatif, potentiellement explosif à la hausse mais accompagné de tous les drapeaux rouges classiques des préventes à haut risque. Autrement dit : un dossier qui ne devrait, au mieux, représenter qu’une micro-part ultra risquée d’un portefeuille, une fois qu’on a bien compris ce qu’on fait.

Conclusion

L’histoire de Ledger et celle de Maxi Doge racontent, chacune à leur manière, la même chose : là où va l’argent, va le pouvoir de décider du futur de la crypto. Ledger, licorne française devenue acteur mondial de la sécurité, regarde désormais New York pour continuer à grandir. Son PDG le dit sans filtre : si l’Europe ne veut pas perdre la bataille, elle devra un jour aligner capital, ambition et clarté réglementaire. De l’autre côté, Maxi Doge illustre le versant brut du marché : celui des narratives ultra agressives, des promesses de x100 et des préventes sans fin.

Pour un investisseur, la leçon est simple : distinguer les acteurs qui construisent sur la durée de ceux qui surfent sur les “vibes”. L’un n’exclut pas l’autre dans une stratégie globale, mais les montants engagés et les attentes ne peuvent pas être les mêmes.

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